No et moi

Encore une fois, il n’est jamais trop tard pour vivre ce type d’émotions.

Un truc étrange depuis quelques temps, l’enfance frappe à la porte de tout ce que je lis.

Pas si étrange, pas si étanche…

Sous la forme de chemin chaotique et inespéré comme la rencontre big-bang de cette fragile No et de cette incroyable Pépite, Lou, ce petit bout d’humain au grand coeur, porté par une maturité qui l’encombre parfois et lui donne cette force improbable, cet amour pur qui peut abattre les murs du silence et ouvrir le champs des possibles, parce que si on veut on peut, parce que lorsqu’on se promet d’être ensemble, on doit se battre pour cette promesse, une promesse pour la vie, pour le meilleur et pour le pire.

Après Les Loyautés (qui résonne encore par la force du propos, la finesse des sentiments retranscris, le cri d’alarme d’une adolescence qui tâtonne au point de se risquer de se brûler les ailes à tout prix), ce roman No et moi paru il y a déjà 12 ans n’a pas pris une ride. La justesse de la voix de cette jeune narratrice est troublante face au silence de sa mère, son abandon, l’urgence du coup de foudre avec No qui sombre.

Beaucoup de violence, beaucoup de tristesse, quelques éclairs de soleil qui rallume l’espoir et cette fureur de survivre qui vous emporte et vous chahute le coeur au fil des pages.

Une fillette hors norme, intellectuellement précoce, comme ils disent sans vraiment comprendre ce que cela signifie, une observatrice méticuleuse qui depuis son silence questionne la Vie, s’interroge sur ce et ceux qui l’entourent, cogite et ressent tout avec une folle et nouvelle intensité.

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Lily a des nénés (Tome 1)

(c) geoff

Grandir, qu’est-ce que ça veut dire ?

Cette couverture avec ce ciré jaune et ce bonnet rouge, le tout sur ce maigrichon petit bout de fillette m’a attrapé le regard direct. Le titre énigmatique aussi forcément. Mais c’est surtout le traité graphique des pages comme des tableaux aux pastel gras qui m’a captivé.

SUB-JU-GUÉE !

« Lily a 10 ans. Elle habite un petit village de Bretagne, avec son frère jumeau Titouan. Juste au-dessus de chez eux habite Joshua, un garçon inaccessible dont Lily essaye d’attirer l’attention. Mais la jeune fille a un autre secret : peu à peu, elle découvre qu’elle n’est plus tout à fait une enfant… »

Le thème : le passage de l’enfance à la puberté, l’attirance magnétique et inexplicable des debuts de l’adolescence, et cette question d’identité qui se dessine malgré soi.

Le travail sur la lumière et les couleurs bord de mer est fabuleux. On est dans un univers de peinture bien plus que de la BD. Les tons orageux aux contours flous créent une atmosphère très particulière, parfois troublante, parfois rassurante, jamais neutre et c’est ce qui séduit. 

Et c’est un premier ouvrage… Tome 2 à paraître en fin d’année.

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Renversante

« Formidable ce livre ! Il fallait oser ! Il faut le mettre en les mains de tous les jeunes garçons, mais aussi et surtout, des jeunes filles ! Relations fille/garçon, un sujet d’actualité qui a besoin d’être animé au quotidien pour que flamme du « vers toujours plus d’égalité chaque jour » ne s’éteigne pas… »

« Ahlala, toi et ton hominisme ! C’est pas un peu exagéré quand même ? Ça va là, c’est pas si pire comme situation. Y a pas mort d’homme non plus, hein ? Comment ça si ? Ah oui, pas faux. Et de qui c’est ce bouquin ? Hmm, Florent Hinckel ? Ah ouais forcément, il prêche pour sa paroisse… Hein ? Florence, avec un E ? Ah bon ? Bah si c’est un livre écrit par une autrice, faut voir, y a p’tet du vrai là-d’dans. Vas-y mon Pépette, fais voir deux secondes… » 

Dans le monde de Léa et de son frère jumeau Tom, le féminin l’emporte sur le masculin… Logique, c’est hystérique… euh historique. Les noms de rues et d’établissements scolaires, les grands noms de la littérature, des arts, des sciences et de la politique sont… des femmes. C’est ainsi depuis la nuit des temps, la femelle est supérieure au mâle.

Mais le père des enfants veut les éveiller à la condition masculine et ses inégalités qu’il dénonce au quotidien, un combat souvent considéré comme ridicule.

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Le grizzli virus

(c) A. Piu

« Quand Léonie Bisette éternue, tout le monde s’enfuit ! Pourquoi donc ? Car à chaque éternuement sort de son nez un GRIZZLI ! A… AAA… Tous à l’abri ! » Ahhhh je l’aime moi cette L’eau-au-nez… euh non Léonie 😉

Imaginez un peu que la moindre goutte, le moindre coup de bise, le soupçon de neige vous fasse éternuer… un ours ! Et pas n’importe lequel, un grizzli, un poil compliqué en société non ? Une maladie somme toute bien incommodante (surtout si vous n’avez pas un Dr Chaz à portée de narine). Alors la mignonette Léonie à la goutte qui pendouillette reste au chaud pour éviter de provoquer la panique générale.

Mais dans l’ombre, un certain Jean-Félix Larnac, le directeur de la FOC (la Fabrique des Ours de Compagnie) fomente un plan démoniaque pour récupérer ses grizzlis. Et bientôt, les grizzlis de compagnie sont vendus partout, de New York à Paris.

Et… et bien la suite il faudra aller la découvrir en fonçant au pas de cOURSe chez votre libraire pour aller dévorer cet album cromignon, aux jolis mots doux de la géniale (et divinement barrée) Emilie Chazerand qui riment avec douceur, éclairés par les illustrations tendres et touchantes de l’excellente Amandine Piu.

Je les aime ces deux fées là, oh oui je les aime.

Poétique, drôle et charmant, le meilleur traitement anti-tristoune du moment !

Autrice : Emilie CHAZERAND
Illustratrice : Amandine PIU
Edition : Les éditions de l’élan vert – 32 pages  – 12,70 euros
Année : Janvier 2018

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Petite

On devrait toujours lire un peu de Jo Hoestlandt avant de se coucher… C’est bon se réchauffer le coeur.

C’est l’histoire d’une petite fille éprise de liberté, qui en classe, demande à l’autrice quelle est sa lettre préférée.

Jamais personne ne m’avait demandé cela, et pourtant, c’était une vraie question, pour un écrivain !

Est-ce le O ? Comme un cercle autour des gens qu’on aime tenir embrassés ? Ou bien un C ? Comme un bras posé sur l’épaule moins serré, qui ne l’empêche pas de partir ?

Une histoire contée par Jo Hoestlandt lors des premières assises de la littérature jeunesse et qui m’avait cueilli par sa poésie et sa justesse, au fond du cœur.

« On ne retient jamais ceux qu’on aime en les enfermant, fût-ce dans des bras aimants. »

Une deuxième nouvelle au dos : Les Nivuniconnus 

Des étrangers, arrivés dans une caravane. On ne savait d’où ils venaient. Jusqu’ici, on ne leur avait guère prêté attention. Mais là, les gens commencèrent à se poser des questions.

Deux magnifiques et émouvants récits, portés par la plume sensible et unique de Jo Hoestlandt, pour parler de l’acceptation des différences, de la culture des gens du voyages et du vivre ensemble. 

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