Toujours une émotion vive à l’écoute d’une lecture si active, engagée, vibrante livrée par un auteur sensible qui vous prend par la main, et vous emmène avec lui au plus profond de ses souvenirs d’enfance, pour vous les confier.
Une incursion dans la vie privée de Daniel Pennac, entre lui et son frère, entre lui et Bartleby de Melville qui vous enveloppe entre fiction et réalité.
Un livre comme une confession, un témoignage, un bout de vie commune posé là pour mémoire et hommage.
Je ne sais rien de mon frère mort si ce n’est que je l’ai aimé.
Il me manque comme personne mais je ne sais pas « Qui » j’ai perdu.
J’ai perdu la gratuité de cette affection, l’agrément de cette compagnie, la profondeur de ce silence, la distance de cet humour, la délicatesse de cette attention, la sérénité de ce jugement , cette intelligence des situations , la paix. J’ai perdu ce qui restait de douceur au monde. Mais qui ai-je perdu ?
La narration alterne pans de vie personnelle et extraits choisis de Bartleby, mis en scène par le romancier. Les souvenirs en appellent d’autres, au fur et à mesure des chapitres.
En écoutant Daniel Pennac parler de son frère, on est instantanément projeté dans son univers, bien présent avec lui, partageant la lecture incantatoire qu’il prodigue au lecteur. Et ce lecteur nous semble être son frère lui-même. Ce frère qui s’incarne au fil des mots, des dialogues, des confidences. Tour à tour, le lecteur se fait spectateur, assis aux côtés du narrateur Pennac quand il parle de sa relation fraternelle, ou assis en face du comédien sur scène lorsqu’il convoque Melville.