Moi, Ernest…

Des ronds dans l'O (C)
Des ronds dans l’O (C)

J’aime découvrir de nouveaux livres et surtout être surprise lorsqu’ils apportent de nouvelles émotions.

Dès la couverture, j’avais été touchée par la lumière de l’illustration et la représentation un peu fantasmagorique de l’écrivain créant devant son clavier : un monde fourmillant de personnages et de lieux les plus extravagants les uns que les autres, les plus fantastiques, les plus oniriques… Du rêve en pages !

Et j’ai ouvert le livre…

Ernest n’est pas un homme comme les autres. Il n’est pas très beau, il ne parle pas, il vit chez Môman, seul avec son « Chat » et sa Remington. Il ne semble pas avoir un âge précis, déjà trop vieux d’apparence mais encore si enfantin, si pur dans sa façon de raconter son histoire, comme dans un journal intime.

Dès les premières lignes, on est pris par l’émotion du récit de ce petit être fragile, naïf et l’évocation de ses souvenirs d’enfance, et notamment de sa mère. On sent sa gorge se nouer devant la tendresse nostalgique qui émane d’Ernest, cet enfant sans papa qui vit dans une solitude contrainte par la force des choses, dans le silence, loin de la vie trépidante de la ville et du regard méprisant des autres.

Mais Ernest a un secret, une flamme intérieure qui l’anime : il écrit des histoires sur sa machine. Sa fameuse Remington, « la plus belle machine à écrire du monde » selon lui. Et en fonction du récit qu’il créé sur son « petit piano », il est transporté par son histoire, la vivant intensément, et même physiquement.

L’écriture, c’est ma musique à moi…

Ces histoires avec des mots simples, Ernest les destine plutôt à un public d’enfant, « parce que les grands, ils sont quand même bizarres ».

Môman disait que c’était chouette de lire ce que j’écris parce que j’écris comme je pense et comme je pense simplement, j’écris simplement.

Mais voilà, la Môman d’Ernest n’est plus là, la maladie l’a emportée un matin d’hiver. Et, avec toute la simplicité des mots d’enfant évoquant la douleur de cette perte mais en douceur, votre coeur se serre plus encore. Soudain le besoin de prendre Ernest dans les bras surgit, besoin de le consoler, tant l’émotion vous submerge. Et allez savoir pourquoi, la litanie de la chanson « Voici des roses blanches » résonne en moi.

Face à ce manque, Ernest semble avoir une pulsion de vie et il écrit et écrit encore, des tonnes et des tonnes d’histoires jusqu’au jour où il découvre via sa télévision un homme qui fait le « plus beau métier du monde » : éditeur.

Après de nombreux refus et la persévérance d’Ernest décidé à se faire entendre, un éditeur sonne un jour à sa porte pour rencontrer l’auteur. Et le rêve d’un enfant se réalise pour le bonheur d’autres enfants.

P. Mager (c)
P. Mager (c)

Laurent SOUILLÉ, qui avait déjà dédié la série AZURO aux enfants atteints du syndrome de Williams, introduit cette référence subtilement dès les premières pages lors de la naissance d’Ernest… Ce sera donc une histoire particulière, unique et touchante. Encore une fois. On se plait à imaginer qu’il y a un petit peu d’Ernest dans tous les grands auteurs qui nous ont fait rêver dès notre plus jeune âge de lecteur.

J’affectionne tout particulièrement l’univers graphique, intimiste, fantastique de Paul MAGER, et notamment la planche où l’éditeur découvre l’antre d’Ernest et sa machine. Dans l’ombre de la pièce, discrets et curieux, on distingue les personnages de ces fameuses histoires simples.

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Auteur : Laurent SOUILLÉ
Illustrateur : Paul MAGER
Edition : Des ronds dans l’O – Jeunesse – 40 pages – 16 euros
Année : juin 2016

Note : 15/20


Du même auteur :
– Azuro – Le Dragon Bleu
– Azuro – Sur la piste de Jippy !
– Azuro et la sorcière

 

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