Grand silence

Depuis sa sortie en juin dernier, ce livre me hante. Beaucoup d’avis enthousiastes, des libraires, des lecteurs et pourtant un malaise qui persistait.

Une peur, plutôt. La peur de se confronter à un sujet si grave et qu’il ne faut pourtant absolument pas taire : les violences sexuelles commises sur les enfants.

La postface de Théa Rodjzman est édifiante, les chiffres sont insupportables et pourtant ce roman graphique a trouvé la manière d’aborder le sujet sans voyeurisme ni violence. 

« Sur une île inconnue où vivent des humains qui nous ressemblent, une sorte d’usine géante œuvre depuis toujours. Cette étrange usine a pour mission d’avaler les cris rendus muets des enfants. Elle s’appelle Grand Silence… »

Dès les premières pages, le ton est donné, un parti pris chromatique enveloppant, parfois inquiétant, parfois bienveillant, toujours empreint d’intelligence. Ce « conte » tel qu’il a été défini par l’autrice traite ce sujet si délicat et grave sans brutalité ni complaisance.

Un ouvrage puissant qu’il est nécessaire d’ouvrir pour se plonger dans ces douleurs dont on étouffe les cris et nous aider à libérer la parole, la voie/x qui permettra de dire l’indicible, de dénoncer l’insupportable, d’ouvrir les yeux sur une réalité qui ne devrait pas l’être.

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Parler comme tu respires

Une plume enthousiasmante et des personnages qui vous prennent par la main dès les premières pages. Sybille et ses 15 ans, en ébullition, Sybille et la difficulté de dire ces mots, ses maux, Sybille et ce talent entre ses mains, Sybille et cet avenir dont elle rêve, loin des rails imaginés par ses parents.

« Sibylle a 15 ans. Depuis son entrée au CP, elle bégaie, ce qui ne l’empêche pas d’être une excellente élève, très douée en dessin. Rien n’y a fait, ni les visites chez les orthophonistes ni l’aide de ses parents qui l’entourent avec affection. Alors que son orientation de fin de troisième doit bientôt se décider, Sibylle se révolte soudain contre ses parents qui souhaitent qu’elle fasse des études longues et impose son désir  : elle deviendra tailleuse de pierre. « 

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Lettre à toi qui m’aimes

« Regarde-moi clairement un instant :
entre nous, il y a un paquet de trucs qui n’arriveront jamais. »

Comment savoir si on se plait ? Et quand l’amour est à sens unique, que faire, que dire ? Faut-il briser le cœur dans l’œuf avant qu’il ne saigne ?

Pénélope, Dudley et Jobs recrutent un nouveau guitariste pour répéter avec leur groupe hors du lycée. Yliès, un ténébreux et énigmatique métalleux aux yeux de velours. Or l’amour s’invite dans cette bande de potes : Yliès aime Penny mais ce n’est pas réciproque. Si Penny joue avec les limites au début, elle sait vite que rien ne se fera. Yliès se pâme, Penny tente d’éteindre les feux mais le poids de ce amour obsessionnel et unilatéral est étouffant.

C’est une voix qui parle tout au long de ce récit hybride, entre roman épistolaire et journal intime, échanges sms ou mails, dialogues et réflexions intérieures. C’est la voix de celle qui n’aime pas, point de vue inédit qui démonte les archétypes du roman d’amour.

Quel rythme, quelle musicalité dans l’écriture où chaque phrase ciselée comme un poésie convoque les émotions, fait vibrer les cordes sensibles et percute avec justesse ! Une non-liaison dangereusement inflammable, une confession intime de celle qui n’aime pas vers celui qui se meurt d’amour, amante inaccessible et amoureux transi friendzoné. Je n’ai pas lu ce texte, j’ai écouté Penny me le murmurer avec sa voix de bourreau inconscient qui a pris tout l’espace sonore dans ma tête. Un récit en vers libres qui pulse, à vivre d’une traite.

BONUS EXCLUSIF – BONUS EXCLUSIFBONUS EXCLUSIF
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Et qui de mieux que les personnages du roman pouvaient poser des questions à l’autrice sur son ouvrage ? Impossible ? Carrément possible ! Une interview exclusive de Julia Thévenot par Pénélope, Yliès et Dudley en personnes.

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Plein gris

« Ce qui se passe en mer, reste en mer ».

Préparez-vous à embarquer pour une traversée qui vous laissera des traces.
Impossible de lâcher la lecture, vous vous agripperez aux pages pour tenir le choc sous la houle implacable de l’intrigue. Vous serez submergé.e comme les protagonistes par les émotions et les dangers qu’ils vont rencontrer. Huis clos haletant et humide, ce roman vous prend aux tripes et ne vous laisse que peu de répit pour reprendre votre respiration. On en ressort le corps essoufflé et lessivé, après un combat contre les éléments et les sentiments partagés, un goût amer de sel dans la bouche.

5 adolescents, un groupe un peu à part des autres lycéens, reliés par le charisme énigmatique d’un seul : Clarence. Bientôt le Bac mais avant la dernière ligne droite, la petite bande a réussi à négocier auprès des parents une virée en mer à bord du Céladon, pour rallier l’Irlande depuis leur Bretagne. Si Emma, Clarence, Sam naviguent depuis l’enfance, ce n’est pas le cas de Victor, le dernier à avoir rejoint le clan. La croisière vire brutalement en cauchemar lorsque Clarence, le leader solaire et narcissique que tous admire, est retrouvé mort noyé près de la coque de leur voilier. Tous les secrets de la bande remontent à la surface, les bons comme les plus nauséeux, les rancœurs, les lâchetés, tout ce qui fait et défait un groupe d’êtres en pleine construction. Le niveau d’inquiétude monte d’un cran lorsqu’ils se retrouvent pris dans une tempête dantesque où l’unique objectif est dorénavant la survie, coûte que coûte, remettant en question la force du collectif et exacerbant les tensions. Comment ont-ils pu en arriver là ? Leur amitié insubmersible pourra-t-elle éviter le naufrage ?

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Qui es-tu Alaska ?

Rattrapage pour moi avec Alaska suite à la lecture du guide de littérature ado de Tom et Nathan Lévêque : « En quête d’un grand peut-être ».
Ce titre fait directement référence à ce roman où le narrateur explique à ses parents la raison de son départ en citant les derniers mots de François Rabelais sur son lit de mort : “Je pars en quête d’un Grand Peut-Être.” Voilà ma raison. Je ne veux pas attendre d’être mort pour partir en quête d’un Grand Peut-Être. »

Citons @lavoixdulivre : « Dans le « grand » peut-être de Miles, il y a toute l’intensité — voire l’arrogance ! — de l’adolescence.
Les personnages de John Green en traduisent l’essence : ce sentiment de grandeur et d’invincibilité que l’on ressent à cet âge-là. La vie doit être à 100 % ou ne pas être : c’est l’heure des grands sentiments, des grands drames, des grandes histoires d’amour et d’amitié, des grandes premières et dernières fois. »

Voilà.👌

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