La fourmi rouge

(c) Sarbacane

Révolte, colère, rébellion, fureur, sentiment d’injustice, secrets, instabilité, hobbies bizarres, phobies hors du commun, jalousies, désarroi, critique acerbe, méchanceté gratuite, humiliations, honte, mensonges, humeur écrasante… autant de caractéristiques pour définir un chantier en pleine construction : l’adolescence.

Vania le sait bien, elle nage en plein de dedans, voire elle s’y noie presque. À quinze ans, le constat peut sembler rapide sur un aussi court chemin de vie parcouru ? Et bien non, pas pour certains échantillons du genre humain comme Vania Strudel, lancée de plein fouet contre le mur de la réalité et son crépis abrasif. Ça pique, ça mord, ça déchire, ça se débat… la vie quoi ? Une bonne dose de déceptions et de rêves avortés contenus avec difficulté dans un petit être en quête de devenir justement. Quand on pense être tombée sur la case banqueroute de la roue de la vie, on croit devoir en baver à chaque portion d’air inspiré.

Au fond, je suis surtout handicapée par une propension irrépressible à tout faire de travers.

En même temps, avec un œil mi-clos façon Colombo et « un blase de protège-slip accolé à une pâtisserie autrichienne bourrative » c’est pas gagné-gagné, vous me direz, ma bonne dame. Quitte à être nulle, autant être la présidente du Club des Minables et le revendiquer, non ? Mouaip…

Youpi. La moitié de mes chers camarades m’appelle Tampax et le reste opte pour Strud’ball.

Vous êtes bien accrochés ? Car, la Fourmi Rouge, c’est du lourd, coco, du dense, du sérieux. Un roman initiatique où l’héroïne vous embarque sur le grand huit de son adolescence : loopings de fous rires, dégringolades de hontes passagères, écrasement sous la douleur sourde d’une enfance traumatisante, coups de gueule bien hystériques et aux dommages collatéraux explosifs… Et toujours la mèche rebelle et le menton frondeur levé bien haut.

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Soir de rage

(c) Nathan

La couverture ne me faisait pas de l’oeil pourtant… Moi, les jeux vidéos, ce n’est pas trop mon truc… Mais le titre clin d’oeil évoquant des souvenirs cornéliens (Orage, ô désespoir 😉 ) m’a donné envie d’entrouvrir le livre et d’en savoir plus sur cette rage. La rage d’Alex, 10 ans, envers son père. 
Peut-on détester son père et plonger dans la haine en quelques minutes ? Tout ça pour une partie de jeu vidéo abrégée un peu trop vite malgré les rappels insistants de l’autorité parentale pour cesser l’addiction qui rend le joueur absorbé sourd au reste du monde ?
Une page, puis une seconde, puis un chapitre… le style est enlevé et vous prend. La tension monte tout comme les pensées négatives de ce jeune Alex débordé par sa colère, enfermé dans sa rancoeur qui le tient dans un mutisme borné. Or, un événement incroyable lors du spectacle où est forcé d’aller Alex avec sa famille va renverser la situation et réveiller le coeur du jeune garçon. Quelque chose de magique 😉

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La couleur du vélo

(c) La Palissade

Voici le deuxième titre de la collection Roman des éditions La Palissade, collection que j’ai découvert avec Gustave et Céleste de Séverine Vidal et Anne-Gaëlle Balpe, dont je vous parlerai très bientôt (un petit bijou écrit à 2 mains).

Nous revoici donc ici avec les auteurs de L’Apachyderme, Sandra le Guen (Maman Baobab pour ceux qui la connaissent) et Thanh Portal, mais cette fois-ci pour une toute autre aventure, plus intimiste.

Il s’agit de l’histoire d’une jeune fille, Anaïs, et de son vélo. Je ne pensais lire que les premières lignes, pour prendre la température et gouter un peu pour voir, et puis… je l’ai dévoré. Preuve parfaite de ce qu’est un bon livre, un livre qui vous prend délicatement par les mains et vous emmène au bout d’une belle histoire.

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Les petites victoires

Y. Roy

« Comment dire à son fils tant désiré qu’il est le plus formidable des petits garçons malgré le terrible diagnostic qui tombe comme un couperet : autisme, troubles psychomoteurs, inadaptation sociale… »

Un magnifique témoignage émouvant et encourageant sur l’engagement d’un père et d’une mère, uni malgré leur séparation, pour stimuler leur enfant autiste.

Roman graphique autobiographique de ce père qui n’a jamais relâché ses efforts pour accompagner son enfant sur la voie du développement de soi afin qu’il trouve les clés lui permettant d’avancer.

Un récit rythmé, introspectif mais jamais larmoyant, toujours sur la tension du pas avant et de la confiance en soi qui se construit petit à petit, pour cet enfant, par amour pour lui.

« Transformer ensemble une défaite annoncée en formidables petites victoires. »

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Il faut sauver la lune

(c) T. Magnier

Attraper un coup de soleil, on connait. Mais un coup de lune ? Si, si, c’est possible. Valentin Duluoz, ce jeune rêveur timide et solitaire, s’en moque. La lune, lui, il l’aime, tout simplement. Elle le captive, elle l’attire, de façon magnétique, comme un refuge. Si bien que cela pose un réel problème à ses parents, des industriels de la cosmétique-minceur trop débordés pour s’occuper de lui, à sa gouvernante qui le tyrannise, à son professeur, et même au président de la république.

Valentin Duluoz n’était pas un enfant comme les autres. Il ne sortait presque jamais de chez lui, n’avait ni visite ni ami, et passait le plus clair de son temps à regarder… la lune ! (…). Un spectacle dont jamais il ne se lassait. À tel point que les rares adultes qu’il croisait le lorgnaient d’un air agacé, lui, le rêveur solitaire.

– Mais enfin ! pensaient-ils. Pourquoi cet enfant perd-il un temps précieux à guetter ce ridicule machin là-haut ? N’aime-t-il pas notre monde ? Est-ce que nous ne l’intéressons pas ? Sans doute est-il bête, tout simplement ! Bête comme ses pieds. Bête comme chou. Bête comme… la lune, tiens, qui le passionne tellement ! Et c’est ainsi qu’était jugé Valentin, sans que personne ne prenne la peine de le comprendre…

Mais voilà qu’arrive une étape décisive dans la vie de Valentin : il fait sa première rentrée scolaire. Un espoir pour sortir de sa solitude ? La confrontation de sa différence avec ses petits camarades va se révéler douloureuse. Ridiculisé à cause de son bégaiement qui le handicape, Valentin se renferme et se réfugie dans l’observation de la lune, encore une fois. Or, son attirance pour l’astre est si contagieuse que les enfants de l’école s’arrêtent pour admirer le croissant, provoquant une pagaille pour l’équipe enseignante.

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