Me fais pas rire !

Non mais quelle couverture ! Et quel titre ! Tout invite à tourner les pages pour découvrir pourquoi ces deux armures tapent la discute au coeur d’une salle de musée.

La raison de leur dialogue : l’arrivée d’une nouvelle armure auprès d’eux, qui va être installée au fur et à mesure, au fil des double pages.

Et c’est parti pour une série de railleries, de quolibets de tout acabit envers cette pauvre carcasse métallique en reconstruction. Le nouveau dérange les deux compères, il gêne leur complicité, et surtout il est si ridicule : à chaque morceau assemblé, la tête de turc en prend pour son grade, mais ne peut rien dire (le heaume n’étant pas encore accroché).

Les deux drôles se gaussent de leurs moqueries, toujours plus cruelles, toujours plus acerbes au point de prendre un terrible fou rire…

Plus ils sont méchants, plus ils en rient… Plus ils rient, plus les parties de leurs structures tremblent… « Me fais pas rire ! » s’alarme l’un des deux, hilare des mauvaises blagues balancées par le chevalier de la vanne !

Mais rira bien qui rira le dernier…

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Diabolo Fraise

Un sacré coup de cœur…

Pour cette histoire de famille, pour ces histoires de soeurs chacune à une étape clé de leur jeune vie, pour ces histoires de coeurs palpitants qui se découvrent. 

Une plongée dans l’adolescence, cette partition intérieure qui joue ses gammes parfois en mode mineur et vous prend aux tripes, parfois en mode majeur où la lumière surgit et vous acroche un sourire bien haut. 

4 parcours de femme qui n’en font qu’une : Antonia et ses 18 ans face à une maternité surprise, Marieke qui explore sa sexualité et les contrées étranges de sa beauté fatale, Jolène la rebelle dont la peau en mode crépi craquelle devant l’émergence de sentiments forts, et Judy, son entrée en 6e, ses balbutiements hors du monde de l’enfance et le choc pleine face de la cruauté féroce d’un harceleur nuisible. 

On les aime chacune et ensemble, en version solo ou symphonique, elles s’accordent parfaitement. 

Et puis il y a les parents, des pôles qui s’attirent et les encadrent. Un père présent au coeur d’une meute de femmes qui s’épanouissent, chacune à leur rythme, chacune avec leur individualité qui s’affirme, avec une bienveillance réconfortante. Une mère aimante mais qui doute, mais qui sait être présente aux moments décisifs.

Et puis il y a Farès, pivot magistral mais totalement dépassé, touchant car vulnérable. Et puis Quentin, Basile et l’odieux Venceslas, une palette de masculinité en plein bouillonnement.

Farès ferme les vitres par peur que ses rêves ne s’envolent.

Et quel rythme ! Une écriture juste, pleine de tendresse et d’humour, au coeur de la vraie vie. Une vie de femmes confrontées aux petits chaos et aux grands gouffres de l’entrée dans la féminité, aux petits combats solitaires et aux grandes victoires solidaires entre soeurs pour trouver sa place dans la famille, sa place dans la vie tout simplement. 

– C’est quoi, le périnée? glisse Judy en relevant la tête de son magazine.
– Péri, péri…, s’interroge Jolène pour noyer le poisson. Péri, c’est autour, non ? Autour du nez ?

De jolis clins d’oeil à la littérature jeunesse actuelle en bonus ! (De Cape et de Mots, L’aube sera grandiose, Les Petites Reines…)

Un livre au carrefour de 4 vies qui débutent, 4 personnalités diablement attachantes. 

Merci aux éditions Sarbacane pour cette délicieuse et pétillante découverte. À consommer sans modération…

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Chaumière

(c) La Palissade

Un voyage.

Je vous propose un voyage, un voyage dans un pays fabuleux, un matin sur une côte d’Irlande. Un voyage en forme de coup de coeur pour un univers profondément touchant, un récit sensible en forme de poème qui invite à la réflexion, à prendre le temps d’écouter le monde autour de soi.

Je vous propose de partir à la rencontre de deux soeurs aux pouvoirs mystérieux : Shannon et Sinéad, des magiciennes qui commandent l’océan.

Chaque matin, bien avant tout le monde, elles allument un feu au coeur de leur chaumière et réveillent la mer : « la marée monte aux signaux de fumée, tandis que le thé bout à gros bouillons. » Ensuite, quand elles descendent sur la plage, les vagues s’approchent d’elles pour écouter le son du tambour et les vibrations de la harpe.

C’est ainsi tous les jours. Tous, sauf aujourd’hui. Il a trop plu et le bois mouillé ne prend pas dans l’âtre de la cheminée : pas de feu, pas de flamme, pas de vapeur. Rien. L’heure est grave et la nature attend. « Pas de vie sans marée ! Pas de marée sans feu ! Pas de feu sans bois sec ! »

Alors, les deux centenaires prennent la route dans la lande vers le village pour trouver du bois sec, pour que le cycle reprenne même si depuis longtemps plus personne ne les voit et que partout la magie a disparu des maisons.

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Figurec

Merci monsieur FabCaro d’avoir commis ce bijou déjanté dont l’univers totalement barré nous rend addicted en moins de 2 pages.

Une folie douce et férocement drôle dans laquelle plonge le narrateur de plus en plus profondément et dont on se repaît délicieusement.

Toujours plus loin dans l’ironie irrévérencieuse, toujours plus haut dans l’absurdité désopilante, aspirant le lecteur totalement accro dans une spirale infernale et extatique. « Mais non, mais il le fait ! » Et dire que j’aurai pu passer à côté de ce plaisir ? À s’acheter un radiateur pour s’y frapper la caboche de regret. Ouf ! 

À lire et à relire pour la finesse de l’écriture,  la suave impertinence d’oser proposer une aventure littéraire de cette qualité, les dialogues les plus improbables du répertoire post-moderne, des images mentales hallucinantes projetées malgré vous dans votre cerveau pur (si si).

Mais j’adore trop trop quoi ! ENCORE !

 

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No et moi

Encore une fois, il n’est jamais trop tard pour vivre ce type d’émotions.

Un truc étrange depuis quelques temps, l’enfance frappe à la porte de tout ce que je lis.

Pas si étrange, pas si étanche…

Sous la forme de chemin chaotique et inespéré comme la rencontre big-bang de cette fragile No et de cette incroyable Pépite, Lou, ce petit bout d’humain au grand coeur, porté par une maturité qui l’encombre parfois et lui donne cette force improbable, cet amour pur qui peut abattre les murs du silence et ouvrir le champs des possibles, parce que si on veut on peut, parce que lorsqu’on se promet d’être ensemble, on doit se battre pour cette promesse, une promesse pour la vie, pour le meilleur et pour le pire.

Après Les Loyautés (qui résonne encore par la force du propos, la finesse des sentiments retranscris, le cri d’alarme d’une adolescence qui tâtonne au point de se risquer de se brûler les ailes à tout prix), ce roman No et moi paru il y a déjà 12 ans n’a pas pris une ride. La justesse de la voix de cette jeune narratrice est troublante face au silence de sa mère, son abandon, l’urgence du coup de foudre avec No qui sombre.

Beaucoup de violence, beaucoup de tristesse, quelques éclairs de soleil qui rallume l’espoir et cette fureur de survivre qui vous emporte et vous chahute le coeur au fil des pages.

Une fillette hors norme, intellectuellement précoce, comme ils disent sans vraiment comprendre ce que cela signifie, une observatrice méticuleuse qui depuis son silence questionne la Vie, s’interroge sur ce et ceux qui l’entourent, cogite et ressent tout avec une folle et nouvelle intensité.

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