La nuit de la fête foraine

En cette fin d’année, on a tous envie de s’émerveiller, de remplir nos yeux pleins d’étoiles et de rêves. Alors, si on ne peut pas déambuler dans un parc d’attractions et faire des tours de manège sous la lune dans la vraie vie, on peut toujours s’offrir une parenthèse enchantée en se plongeant dans ce merveilleux album sans texte, plein de poésie et de tendresse.

Imaginez un peu. Voilà… pas loin là-bas, dans le grand pré, une fête foraine s’est installée, vous la voyez ? Les animaux de la forêt, oui. Et ils observent minutieusement tous ces humains qui s’amusent sur les chevaux de bois en dégustant des barbes-à-papa. Tentant n’est-ce pas…

Et que se passe-t-il la nuit, selon vous, lorsque la fête foraine a fermé ses grilles ? Chuut, approchez-vous doucement. À la tombée de la nuit, ours, lièvres, ratons-laveurs et sangliers pénètrent dans le parc. Ils testent la grande roue et grimpent dans les montagnes russes ! Il s’enivrent de sensations fortes et de plaisirs sucrés jusqu’au lever du jour où, un peu sonnés, ils regagnent leur clairière.

Cet album est magique ! Les illustrations de MariaChiara Di Giorgio sont fabuleuses, les scènes présentées sont riches de détails et le traitement des couleurs est très réussi. Les éclairages de la fête foraine sont particulièrement bien rendus, offrant des jeux d’ombres et de lumières saisissants. Les cadrages sont variés pour rendre le rythme des différentes attractions et immerger le lecteur dans les sensations extrêmes que vivent les personnages.

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Inséparables

Il y a toujours un peu de Pico Bogue en nous, il faut juste prendre le temps de le laisser s’exprimer. Et vous verrez, c’est lumineux !

Totalement fan de ce gentil trublion qui me tire à chaque planche un sourire ou un rire tant les situations croquées avec talent et bienveillance par Alexis Dormal sont justes.

Les mots de Dominique Roques dans la bouche de cet enfant plein de répartie fusent et nous éclairent toujours un peu plus sur la langue et les relations humaines. C’est subtil, drôle et les personnages terriblement attachants.

Dans ce tome XII sorti en septembre, on y retrouve la bande de Pico avec un coup de projecteur sur Charlie, qui rêve d’avoir toujours le bon mot comme son copain. Amitiés, vie familiale et questions philosophiques, la lecture de ces planches invite à la réflexion, et toujours avec intelligence et humour.

À lire et à relire sans modération. Ainsi que tous les albums de Ana-Ana et les 2 tomes de l’étymologie avec Pico Bogue (sur ma liste de Noël 😉).

Évidement, une excellente idée de cadeau en cette fin d’année.

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Le Grand Méchant Chelou

Toujours un grand plaisir de découvrir un conte détourné ! Et c’est vraiment très réussi !

Encore une fois la couverture m’a alpaguée et le titre m’a tiré un sourire curieux (si si on peut avoir de la curiosité dans une risette d’abord).

Notre Grand Méchant Chelou (j’en ricane encore) est affamé, il a grave la dalle oui ! « Quand est-ce qu’on mange ???? » hurle-t-il. Tiens, tiens, ça ne vous rappelle pas des mini humains rôdant près de la cuisine dès 19h ???

S’il semble croire que son physique ingrat et carnassier le rend redoutable, ça ne suffit pas à remplir sa panse. Idée lumineuse : plonger dans un recueil de contes pour s’y nourrir, comme ses glorieux ancêtres. Mais il a peut être un peu tardé ce pataud poilu en vieux pull mou bleu.

Cet album écrit en vers pas piqués d’eux-mêmes (attention blague) est désopilant tant pour le texte bourré d’humour que pour les illustrations complètement loufoques. Le petit chaperon rouge façon mémé déjantée malmène notre Chelou durant tout le chemin vers mère-grand, c’est farfelu et absolument bidonnant ! Un vrai coup de cœur ! La mise en situation des personnages cherche toujours à provoquer le sourire ou le rire : jubilatoire !

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Sans armure

« Ta voix qui se tait, 
…c’est ma vie qui se défait. »

Un réplique hurlée qui cingle « Tu ne comprends rien ! », une porte qui claque, et les murs semblent s’écrouler autour de Yannick. Sidérée par la violence de la séparation brutale, elle ne comprend pas en effet.

Un amour brisé, le silence de Brune, insupportable.

Et le récit va emporter alors la lectrice/ le lecteur dans un tourbillon de souvenirs qui retracent la rencontre entre ces deux jeunes femmes, leurs enfances, leurs traumatismes, à travers la voix de Yannick qui continue de parler à Brune. Comme si ce dialogue intérieur était la seule possibilité de garder le lien, si vital. Un récit qui court comme la narratrice vers celle qu’elle aime, pour la retrouver coûte que coûte.

Tout part justement de la voix, de celle de Brune à la radio : un coup de foudre auditif pour Yannick qui tombe amoureuse de ce timbre qui la fait vibrer. Une voix qui fait du bien. « Et quand j’enlève mes écouteurs, j’arrache un peu de ta voix sur ma peau ».

La force de ce texte tient au rythme insufflé par la narratrice qui ne s’arrête jamais de parler à son amour parti. Des phrases courtes comme autant de pulsations. Un flux continu comme un massage cardiaque indispensable, pour le tenir encore en vie, ce fragile et pourtant si intense amour.

Mais il y a la détresse de Brune dans ce monde aux bruits et aux douleurs qui la déchire, elle,  l’hypersensible, l’émotive sans filtre, la différente comme elle se définit. Yannick la découvre derrière son masque. Ayant alors confié sa fragilité, Brune est sans armure. Mais toute la force d’amour et la douceur de Yannick ne suffisent pas. « J’ai tellement cru me mes bras seraient assez forts pour toi… »

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Miaou ! Cui ! Ponk !

AHAAA ! TREMBLEZ, SUPER MECHANTS ! Super LULU sauve le monde !!!

Voilà, le ton est donné ! Lucie est de bonne humeur ce matin, elle va encore une fois sauver le monde ! Mais au détour d’un bosquet du jardin, un bruit étrange retentit : « Miaou ! Cui ! Ponk ! » Il se passe quelque chose d’étrange au royaume des bruits bizarres, on dirait. 

Un oisillon tombé du nid ? Allez hop, Super Lulu le remet dans son nid. Un chat perdu en haut de ce même arbre ? Allez hop, Super Lulu le remet sur la terre ferme. Pff, ils grimpent n’importe où sans réfléchir ces chats ou quoi ? Une tortue coincée à l’envers au pied de cet arbre? Non mais ça va pas la tête ou quoi les animaux ce matin ? Ouf, tout est rentré dans l’ordre, encore une fois, merci Super Lulu ! Mais, on dirait que les trois coquins à plumes, à poils ou à écailles ne semblent pas de cet avis 😉

Encore une fois, Michael Escoffier nous a goupillé une histoire cocasse et pleine d’humour, génialement mis en image par Matthieu Maudet. On suit la petite Lucie au fil des pages dans son sauvetage réussi mais on dirait bien qu’il se trame quelque chose dans le dos de notre Super Héroïne. Un petit oiseau qui tire la langue au chat éloigné de force de sa proie, un petit sourire narquois de la tortue complice… Etape après étape, des petits détails subtils nous montrent qu’une autre histoire se cache sous celle qu’on est en train de lire.

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