La pouilleuse

(c) Sarbacane

Besoin d’air !

Je termine à l’instant la lecture de ce roman coup de poing : ma gorge est serrée, mon regard sur la 4e de couverture reste comme bloqué, le malaise qui me prend a un arrière goût nauséeux. Heureusement que c’est une fiction et non un article de presse car comment continuer à espérer dans l’humanité quand on lit ce genre d’histoire d’une violence gratuite aussi glaciale. Inspiré d’un fait divers ? Ok, je vais vomir, je reviens.

C’était le dernier Clémentine Beauvais que je n’avais pas lu, et je crois qu’il va me hanter pendant un certains temps encore…

Cela paraissait commencer en toute légèreté : un matin, 5 élèves d’un lycée parisien chic décident de sécher les cours. Certes, encore une fois. Blasés, imbus d’eux mêmes, indifférents à tout, ce n’est pas un journée de cours off qui changera la face de leur vie. Et pourtant… Il va suffire d’un instant, le croisement de deux trajectoires qui n’avaient aucune raison d’entrer en collision et c’est le dérapage ultime vers le cauchemar. Sur un coup de tête, ils kidnappent une fillette de 6 ans d’origine africaine à l’entrée de la piscine municipale. Elle avait un pou sur la tête et ils vont la bousculer verbalement puis physiquement, pour s’amuser, sans aucune morale ni arrière pensée.

Le récit est porté par l’un des lycéens, David, qui a rejoint la bande récemment. Devant la bande décidée à torturer la gamine, il doute mais ne sait pas vraiment pourquoi il n’intervient pas, cela semble le dépasser. Ils sont peu concernés par leurs actes, ça fait froid dans le dos.

 
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Rattrapage

Je tourne à l’instant la dernière page de ce monologue déchirant de dureté et de justesse… Une lecture en apnée dans la conscience de cette jeune ado face à son innocence perdue, par sa faute…

Quel goût a le remord selon vous ? Un goût de métal, de nausée acide, de poussière moisie ? Un goût amer sans aucun doute quand votre inconséquence vous a poussé à l’extrême aux dépens d’autrui et que le masque du déni se fissure.

Et c’est justement cette bouffée d’amertume suffocante qui enserre la conscience d’une ado de 17 ans, cette fille jolie, la reine populaire de son lycée, la belle qu’on convoitait et qu’on enviait… Mais « la réalité est toujours décevante » quand elle vous rattrape et vous confronte à votre pire noirceur.

Car voilà, la reine ne brille plus autant, elle a sombré depuis quelques mois, depuis la tentative de suicide d’un élève qu’elle et sa bande de dominants harcelaient pour s’amuser…

Comme elle, il est là, sur ce banc à attendre son tour pour le rattrapage du Bac.

Et en l’apercevant, tout lui remonte. Elle faisait partie de la meute des puissants au Lycée, ceux qui raillaient les moches, les nuls, les méprisables, les inutiles selon eux. À force de brimades sur les réseaux sociaux, ils jouaient de la vanne à grand renfort de photos et vidéos dégradantes, pour le fun, en toute inconséquence, par pure méchanceté gratuite. Diablement réaliste, non ? Mais leur cible favorite, ce garçon silencieux et mal dans sa peau, a fini par craquer en se coupant les veines en cours…

 
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Le jour J

Nestor avait peur avant même de naître… Alors forcément affronter la vie n’allait pas être simple pour lui, même pour apprendre la base : voler.

Cet ouvrage, à mi-chemin entre album et BD, est tout simplement GRANDIOSE en termes de narration et les illustrations aux crayons de couleurs sont absolument désopilantes. Courrez tout de suite l’acheter (sinon je boude !)

Pitchons, pitchons un peu  : un parcours initiatique chaotique mais très tendre pour apprendre à affronter ses peurs et vivre les choses en les expérimentant : « la réalité sera toujours plus facile en la vivant ».

C’est drôle, c’est juste, c’est frais, c’est à ne pas rater ! (Enfin ce n’est que mon avis mais courrez dévorer ce bijou, je l’ai déjà dit non ?).

La confiance, ça se gagne, la confiance en soi, ça se cultive dès le plus jeune âge. Alors believe you can fly 😉 et L’aventure, c’est l’aventure, mon poussin !

 
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Les chiens pirates – Adieu côtelettes !

(c) edl

Nom d’une mouette borgne, il fait faim par ici ! C’est exactement ce que pense la meute des chiens pirates, ce lundi matin, à l’heure où blanchit l’écume des mers du Sud !

Mais il y a un os : la croquette se fait rare à bord et les redoutables molosses à poils drus ont les crocs ! Le cambusier en a ras les babines de trimer pour des mollusques à pattes qui font les loutres sur le pont.

Allez hop, que ça saute, il faut trouver d’urgence un navire à piller pour faire un bon ragoût.

Un trois mâts, sans doute fameux, pointe à l’horizon : à l’abordage, moussaillons !

Mais pas si simple pour ces toutous-flibustiers sans vergogne qui devront faire face aux capitaines du navire, trois petites filles qui n’ont pas du tout l’intention de se faire déranger en plein goûter. Non mais ! 

Pourront-il se contenter d’un simple petit beurre ? Nom d’un chat botté à jambe de bois, cela ne va pas être de la tarte aux pommes !

Un gros coup de coeur pour cet album, à mi chemin entre texte illustré et BD, conçu comme un récit d’aventure haut en couleurs et truffé (ouaf ouaf) d’humour.

 
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Le discours

(c) Gallimard

Sygne, une collection pour les voix neuves ? Et bien, c’est réussi ! 

Alors, attention, ce livre risque de vous faire cracher votre thé, café, bière, verre de vin ou tisane dès les premières pages. Ne lisez pas la bouche pleine de liquide en face de quelqu’un car l’éclat de rire vous attend au tournant d’une page et cela risquerait de vous placer dans une situation délicate envers votre voisin (on vous aura prévenu). 

Adrien, la quarantaine désabusée, est en proie au désespoir car Sonia n’a pas répondu à son message de 17h24…

Et là, c’est le drame, la chute dans un trou sans fin, dans les limbes de la presque folie, dans la perte des repères les plus stables…

Faut-il écrire un 2e message ? Faut-il faire semblant de s’intéresser à ce gratin dauphinois qui vient d’arriver sur la table du dîner familial ? Comment écrire ce discours de mariage demandé par son beau-frère alors que Sonia ne répond toujours pas ?

La vie d’Adrien se met en pause forcée, entre parenthèses, et son cerveau part en live complet dans un monologue intérieur complètement barré, absurde, désopilant mais tellement touchant. Une divagation qui n’en finit par de digresser souvenirs après souvenirs, association d’idée après association d’idée. Un porte-serviette vous tape dans l’oeil et c’est parti pour un retour en enfance complètement déjanté ! 

Ah mais ouais ça réveille les zygomatiques grave quand même !

 
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