On lit trop dans ce pays

Un titre pareil, ça hameçonne, non ? Mais où est ce paradis ? 
Dans le pays de Rose-Bibly, on y lit beaucoup et surtout de tout : « des avalanches de livres, des cyclones, des tornades (…) avec un cerisier au milieu et une jolie ombre bleue pour s’y allonger. Dans ce pays, on lisait comme on cueille des cerises. Juste en tendant la main. » Quel programme !

Au fil des pages, au son d’une ritournelle, on découvre l’ampleur du champs des possibles. « Des histoires avec des moulins à vent, des baleines blanches, des Zazie et des Prince-petit, qui vous font les rêves et les matins en grand. » Hmm ça me dit quelque chose 😉

L’imaginaire de Pef nous entraîne alors au cœur de références bien connues de la littérature, et qui, si elles seront une découverte pour les plus jeunes, feront tilter la mémoire des plus grands, leur rappelant ces lectures d’enfance qui nous construisent. « Trop de livres qui riment », « trop d’images qui bullent en bandes organisées », « trop de livres à penser »… La plume de Daniel Picouly joue avec les sonorités, parsemant le récit de nombreux clins d’œil au patrimoine littéraire.

 
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Des oiseaux plein la tête

Nénette n’est pas comme les autres. Dans sa tête, des tas d’oiseaux tourbillonnent. Elle est dans son monde, un monde où des papillons s’échappent de ses mains, où des chansons animent son esprit, où on peut passer des heures à contempler une toile d’araignée même sans araignée. D’avant en arrière et d’arrière en avant, elle se balance, au gré de son imagination, dans son univers.

Un univers que les autres ne comprennent pas. À l’école, on se moque, on ricane, on rejète sa différence, et le fossé se creuse douloureusement. Alors, elle reste souvent seule.

Jusqu’à ce jour de pluie, où No, un garçon de sa classe intrigué par la beauté de ses gestes, la regarde sous un nouvel angle. L’univers si particulier de Nénette lui apparait plus riche qu’il ne l’imaginait et son cœur s’ouvre sur une nouvelle amitié profondément touchante.

Un album doux et sensible qui parle d’autisme et d’exclusion, avec beaucoup de bienveillance. Une ode tendre à l’amitié, à la tolérance et à l’acceptation de l’autre. 

Des illustrations magnifiques aux crayons de couleurs, où les teintes lumineuses qui s’imposent dans la grisaille du monde extérieur sont autant signes de vie que d’espoirs joyeux.

Merci à l’école des loisirs pour la découverte.

 
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L’épouvantable peur d’Epiphanie Frayeur (T1 &2)

Epiphanie Frayeur a 8 ans et demi. Durant ce temps, elle a un peu grandi mais pas autant que sa peur qui la paralyse. Ses cheveux constamment dressés sur sa tête, elle a peur de tout, tout le temps. Sa peur, une énorme masse noire qui prend différentes formes, la suit partout, attachée à ses pieds comme son ombre.

Résolue à dompter sa peur pour ne plus la subir, elle part en quête du Dr Psyché pour trouver une solution à cette situation qui la dévore de l’intérieur et l’empêche d’être heureuse. Sur son chemin dans ce monde parallèle, elle rencontre des êtres un peu étranges, entre rêves et cauchemars, un chevalier sans peur et sans reproche, un dompteur de fauve, une voyante, qui vont la guider. Un parcours chaotique, en lutte constante contre cette peur qui ne la lâche pas.

Les peurs enfantines nous poursuivent tous, quel que soit notre âge. Selon notre capacité à les comprendre et les surmonter, elles nous construiront en tant qu’adulte, mais le parcours initiatique peut être long et tortueux, voir destructeur.

 
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Ne m’oublie pas

En exergue, une citation du roman Les Années d’Annie Ernaux. Récit d’époques qui s’enchaînent, de morceaux de vie, de traces qu’on ne veut pas oublier et pourtant « s’annuleront subitement les milliers de mots qui ont servi à nommer les choses, les visages des gens, les actes et les sentiments ». Il est question de mémoire, de celle qui nous échappera.

Dès la couverture, l’émotion saisit. Des teintes de nostalgie et de douceur, et un titre tragique qui résonne, comme un appel au secours, comme une ultime requête.

Marie-Louise, la grand-mère de Clémence atteinte d’Alzheimer, vient de faire à nouveau une fugue depuis la maison de retraite où elle est prise en charge. Une de trop pour le centre qui annonce à Clémence et sa mère qu’un traitement chimique va lui être administré pour éviter qu’elle cherche à s’échapper afin de retrouver sa maison d’enfance en bord de mer. Insupportable décision pour Clémence qui entretient une relation très proche avec sa Mamycha. Une fois revenue au centre, Clémence constate que sa grand-mère est abrutie par les médicaments. Un véritable électrochoc qui la pousse, par désespoir, à l’embarquer dans une escapade en voiture loin de cet enfer. Changement de tonalité : un interrogatoire dans un commissariat, Clémence est accusée d’avoir enlevé sa grand-mère. Et les flash-back de ce road-trip imprévu se déroulent sous nos yeux page après page, dans un enchainement de situations plus émouvantes les unes que les autres.

 
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Thomas

« Quand ils ont creusé un trou dans la terre pour y déposer ma maman, ils ont aussi creusé un trou dans mon cœur. »

Dès la couverture, l’émotion de ce petit bout de chou fragile vous saisit et vous n’avez qu’une envie, le prendre dans vos bras pour le réconforter. Thomas a perdu sa maman et son cœur est brisé. La douleur est vive, il est encore si petit. Elle, elle aurait su comment réparer les cœurs brisés, mais Thomas va devoir chercher ailleurs.

Il part en quête et interroge successivement Madame Donatella la couturière, le Dr Kasra, Monsieur Dupuis le menuisier mais personne n’a l’outil ou le talent pour réparer son petit cœur brisé. La solution, il va finalement la trouver en lui, en convoquant les souvenirs de sa mère pour remplir à nouveau ce vide.

« Dans ce grand trou qui avait pris place dans mon cœur, j’ai décidé de mettre de petits morceaux de ma maman »

Auprès de son père, la chaleur d’un rayon de soleil aidant, Thomas recueille l’un après l’autre les petits morceaux d’amour qu’il a vécu avec sa mère, des images ou des odeurs que les photos qu’il feuillètent avec son père lui évoquent. C’est bouleversant, on tourne les pages la gorge serrée et les yeux humides devant la pudeur des émotions de Thomas, qui nous confie avec ses mots à lui tout l’amour pour sa maman. Gonflé de cet amour pur, un sourire s’esquisse entre lui et son père, une promesse de bonheurs à venir.

 
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