La Capucine

Quelle couverture ! Magnifique travail de @mayalengoust pour ces 3 ouvrages qui parlent des envies de liberté quand on est une fille de 13 ans à la fin du 19e siècle. Après Lucie et Séraphine, c’est le destin de Louise que l’on va suivre…

« Si son patron ne la battait pas, si elle était justement payée, si on ne lui comptait pas son assiette et son lit, Louise adorerait la terre sur laquelle elle travaille. Une terre incroyablement fertile, qui peut donner huit récoltes par an ! Qui exporte ses légumes jusqu’à Londres, et même jusqu’en Russie.…  Une terre qui n’est qu’à une dizaine de kilomètres de Paris, sur un petit village de maraîchers nommé Bobigny. Le jour où vient la raclée de trop, Louise s’enfuit. Direction Paris, où vivent et travaillent sa mère Clémence, et son indéfectible protectrice, Bernadette, génie de la cuisine et de la voyance réunies. Mais Louise a treize ans, et à cet âge, même si l’on rêve de liberté, encore faut-il gagner sa vie… »


Merci à l’école des loisirs pour cette découverte.

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Âge tendre

On l’attendait avec impatience, la nouvelle création effervescente de Clémentine Beauvais ! Et, encore une fois, le plaisir est au rendez-vous. Pour paraphraser Valentin : « Mes impressions ont été : positivement positives à la lecture de ce subtil ouvrage. »

Un cocktail d’humour et de réflexions sur notre société vu par un adolescent, ok, mais ce n’est que la partie émergée de cet iceberg littéraire. Car au fil des pages, la voix du narrateur va se métamorphoser et ouvrir la porte sur une profondeur intime qui bouleverse. Il est question d’adolescence et de vieillesse, de mémoire et d’identité, de relations intergénérationnelles, de la place qu’on essaye de se faire dans la société, du regard des autres sur ce qu’on est, du bonheur à construire et à reconstruire. « Tout est sur l’amour, le temps, la perte des choses. »

La Présidente de la République l’a décidé : tout élève doit faire, entre sa 3e et sa 2de, une année de service civique quelque part en France. Valentin Lemonnier, sensible et facilement déstabilisé en « société », se retrouve contre toute attente dans un centre pour personnes âgées atteintes d’Alzheimer reconstitué pour ressembler à un village des années 60. Panique pour Valentin qui, plongé dans cet univers totalement désarçonnant, va se mettre lui-même dans une situation impossible : trouver un sosie de Françoise Hardy qui viendra chanter « la maison où j’ai grandi » pour une pensionnaire, Mme Laurel 😉

Facile pour quelqu’un qui prétend être fan total de la chanteuse (alors qu’il n’en a jamais entendu parler.) Et pourtant, le pouvoir de la voix de Françoise va être un extraordinaire élément déclencheur dans la vie de Valentin.

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Berlingot et Vermicelle

Quand on les regarde, Berlingot et Vermicelle illustrent bien l’expression « les deux font la paire » malgré leurs différences. Et pourtant, cela n’a pas toujours été une route tranquille pour ces deux chaussures, un peu hors du commun. Pas facile de se parler quand on est en mouvement, les occasions sont rares. Il faut parfois improviser quelques croque-en-jambes aux dépends du propriétaire pour discuter. (Joli clin d’œil à la Paire de Chaussures des contes de la rue Broca).

Il aura fallu un hiver pour que le duo se retrouve au placard, apprenne à mieux se connaître et voit naître des sentiments l’un pour l’autre. Mmmh ça fleure bon l’amour naissant… Mais l’ennui de devoir rester à l’intérieur les pousse à tenter une escapade, seuls, dehors, alors que l’orage gronde.

Fallait-il vraiment s’encombrer d’un parapluie ? Pourquoi partir à droite alors que c’est plus court à gauche ? De mauvaise humeur, le ton monte et la dispute aboutit à une séparation, chacun part de son côté. Et voilà qu’il se met à pleuvoir des cordes, le niveau de l’eau dans le caniveau monte et emporte Berlingot loin de Vermicelle. Elle qui n’avait imaginé mettre un pied devant l’autre sans lui, comment pourrait-elle continuer l’aventure. Arrivera-t-elle à rattraper son alter-godillot ? Pourront-ils s’enlacer à nouveau ? Peut-on s’aimer encore si l’on n’est pas d’accord ?

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Rencontre avec Timothée de Fombelle autour d’Alma

« On écrit les livres qui nous manquent »

C’est bien ce genre de rencontre qui nous manquaient. Depuis l’annonce de la sortie du premier tome de la nouvelle trilogie de Timothée de Fombelle, le rendez-vous avait été pris, pour échanger sur la naissance de cette héroïne si particulière. Mais le temps en a voulu autrement, éloignant les lecteurs de l’auteur. Un temps suspendu.

Et puis le temps des retrouvailles, tous liés par ce roman fort qui secoue, interpelle et fait vibrer intensément.

Au coeur de cette librairie écrin, sur le divan, TdeF se laisse prendre au jeu des questions essentielles de la libraire Camille. L’atmosphère est douce presque intime tant le silence de l’auditoire se fait au moment où commence la lecture d’extraits par l’auteur. L’écoute est dense, la voix envoûte, et la vie d’Alma s’anime.

– La quête de liberté est au coeur de tous vos romans, comme le rapport à l’Histoire, au passé. Pourquoi écrivez vous ? 
« J’écris les livres qui me manquent, à moi. J’écris les livres que je cherche. Depuis l’âge de 13 ans, je cherche ce livre, cette histoire qui a jaillit en moi quand je vivais en Afrique, au Ghana, à Elmina. C’est là, en jouant dans les ruines de ces forteresses au bord de mer reprise par la nature sauvage que le souvenir s’est ancré. Au moment choc où je découvre ce qu’est la traite. »
« J’écris, je crois, pour rendre la vie un peu plus belle, un peu plus intense, un peu plus tragique, romanesque. J’écris, je pense, pour ne pas être seul dans mon rapport au monde. C’est ce que que permet la Littérature Jeunesse, une littérature adressée. Je vérifie que mon lecteur est toujours là, derrière moi, quand j’écris. »
« J’écris chaque livre comme le dernier, dans l’urgence et la nécessité. »

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Alma

Tome 1 – Le vent se lève

« Elle comprend que ses souvenirs étaient à l’échelle de sa taille d’enfant. Le monde qu’elle découvre n’a pas de fin et l’horizon recule à chaque fois quelle avance. »
 
À chaque roman, album, nouvelle ou conte, la musique des mots de Timothée de Fombelle vous happe et vous transporte vers un voyage dans l’imaginaire, toujours aussi intense. Il est pourtant question ici de réalité, sombre, où la fiction percute l’Histoire.
Le récit part des pensées d’Alma, une jeune fille en Afrique, projetée, malgré elle, dans un périple tragique, mêlant son passé, son présent et son avenir.

Encore une fois, l’alchimie des mots de Timothée opère. Dès l’annonce de cette trilogie, le cœur des lecteurs a battu un peu plus fort, répercutant comme un écho collectif l’appel d’une aventure hors normes qui les attendait, entre les lignes, aux côtés de deux héros au destin mêlé. Mais au sujet lourd et source de débats.

1786. Le vent se lève sur l’avenir d’Alma, le jour où son petit frère Lam disparaît. Quittant immédiatement sa famille et sa vallée d’Afrique qui la protégeait du reste du monde, celle dont le nom signifie Liberté se lance sur ses traces. Elle doit le retrouver, un grand danger le menace, elle le sent. Sa force la guide, bien que tout ce qu’elle va traverser soit entièrement nouveau pour elle : le danger, la violence, l’injustice. Mais ce n’est pas la peur des chasseurs d’hommes qui l’arrête, ni les intempéries d’un océan effrayant, ni les cris des captifs qui résistent. Ses yeux noirs brillent toujours intensément, comme le témoin d’une force intérieure qui la tient debout, coûte que coûte.

Au même moment, un jeune homme déterminé embarque sur un navire de traite en Europe avec une quête mystérieuse. Joseph et sa malice, ses tactiques pour conserver la confiance du terrible capitaine de La Douce Amélie, sa volonté au péril de sa vie vers cette « terre » promise, secrètement enfouie, en lui, dans son histoire. Houleuse traversée au cœur de ce commerce triangulaire dont l’histoire glaçante parait peinte sans filtre.

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